Ce que dit le Coran et la tradition coranique de Issa
Issa, un des cinq grands prophètes
Issa est considéré comme un grand prophète, messager de Dieu (rasûl), au même titre que Moïse (Mûsâ) ou Muhammad. Il est l’un des cinq « Prophètes dotés de fermeté » (ulu l-‘azm), ayant reçu une révélation : l’Injîl (l’Évangile).
Issa naît de la vierge Maryam (Marie), sans père humain, par une intervention directe de Dieu (sourate 3:47 ; 19:20-22). Cette naissance est un signe divin et est similaire à la croyance des chrétiens.
Marie dit : « Comment aurais-je un enfant, alors qu’aucun homme ne m’a touchée ? » L’ange répondit : « C’est ainsi. Ton Seigneur a dit : « Cela m’est facile »… » Sourate Maryam (19:20-21)
Issa accomplit plusieurs miracles par la permission de Dieu : il parle dès le berceau, guérit les aveugles et les lépreux, ressuscite les morts, crée un oiseau d’argile (sourate 3:49 ; 5:110). Ces actes sont des preuves de sa mission. Dans les évangiles, il existe aussi de multiples exemples de miracles de Jésus, y compris des résurrections.
Issa a un statut de Parole et Esprit de Dieu. Être appelé « Parole d’Allah » (Kalimatullah) est unique dans le Coran. Cela ne signifie pas qu’il est divin, mais souligne son origine divine et sa mission exceptionnelle.
« Le Messie Jésus, fils de Marie, est le Messager d’Allah, Sa parole qu’Il a jetée à Marie, et un esprit venant de Lui… » Sourate An-Nisa (4:171)
Pour les musulmans, Issa (Jésus) est également le Messie (al-Masih1) et cela ne nécessite pas de conversion au christianisme : cette croyance fait déjà partie intégrante de l’islam. Aucun autre prophète n’est appelé « al-Masih » dans le Coran
« …Ô Marie ! Allah t’annonce une parole de Sa part : son nom sera al-Masih, ‘Issa, fils de Marie… » Sourate Al-Imran (3:45)
Il reviendra à la fin des temps
Selon plusieurs hadiths sahih (c’est à dire dits authentiques), notamment dans Sahih al-Bukhari et Sahih Muslim, le Prophète Muhammad (paix sur lui) a dit:
« Par Celui qui détient mon âme dans Sa main ! Il est sur le point de descendre parmi vous : le fils de Marie… »
Pour les musulmans, Jésus reviendra pour rétablir la justice, tuer le faux messie (Dajjal) et unir les croyants sous la vérité.
Les noms de Issa dans la tradition coranique
| Appellation | Traduction | Sens principal |
|---|
| ʿĪsā ibn Maryam عيسى ابن مريم | Jésus fils de Marie 3:45, 5:110 | Souligner la naissance virginale |
| Al-Masīḥ المسيح | Le Messie 3:45 ; 4:157 | Messie sans connotation divine |
| Rasūl Allāh رسول الله | Messager de Dieu 4:171 ; 5:75 | Porteur de l’Injil |
| Kalimat Allāh كلمت الله | Parole de Dieu 4:171 | Créé par un ordre divin |
| Rūḥun minhu روح منه | Esprit venant de Dieu 4:171 | Élu spirituel, pur |
| Min al-muqarrabîn من المقربين | Parmi les plus rapprochés (de Dieu) 3:45 | Grand prophète |
| ʿAbd Allāh | Serviteur de Dieu | Insistance sur l’humanité |
| Āyah | Signe | Manifestation de la puissance divine |
| Mubārak | Béni | Porteur de bénédiction |
| Nabī | Prophète | Membre de la lignée prophétique |
Ce que les Evangiles disent de Jésus, au-delà du Coran
Jésus est mort sur la croix et réssuscité
Jésus est mort sur la croix pour accomplir le salut, en tant que Messie. Mais pour l’islam, Jésus a été substitué et c’est un sosie qui était sur la croix. Mais aucun des témoins contemporains du Christ ne défend cette idée. Elle apparaît des siècles plus tard, de l’islam uniquement. Tous les récits, y compris ceux des opposants au christianisme, reconnaissent que Jésus a été crucifié.
Annoncée par Jésus lui-même
- Dans les Évangiles, Jésus annonce à plusieurs reprises qu’il devra souffrir, être rejeté, mourir, puis ressusciter (Marc 8:31, Matthieu 16:21).
- Cette annonce montre qu’il ne s’agit pas d’un accident ou d’une fin tragique, mais d’un événement voulu et assumé dans un plan divin.
Signification théologique
- La mort de Jésus sur la croix est vue comme le sacrifice expiatoire pour les péchés de l’humanité (voir Hébreux 9:26-28).
- Elle réalise les prophéties de l’Ancien Testament, notamment Isaïe 53, qui parle du « Serviteur souffrant » : « transpercé à cause de nos révoltes, écrasé à cause de nos fautes ».
Témoignage des apôtres
- Tous les textes du Nouveau Testament, y compris les lettres de Paul (1 Corinthiens 15:3-4), insistent sur le fait que Jésus est « mort pour nos péchés selon les Écritures ».
- L’Église primitive s’est construite sur cette proclamation centrale : Christ est mort et ressuscité.
La cruxification est attestée d’un point de vue historique
La mort de Jésus sur la croix est un fait solidement établi à la fois du point de vue chrétien (comme accomplissement prophétique et acte de salut) et historique (attesté par des sources chrétiennes et non chrétiennes). Son importance ne réside pas seulement dans sa réalité historique, mais dans sa portée théologique : elle fonde la foi chrétienne en un Dieu qui souffre pour sauver l’humanité.
- Sources chrétiennes très anciennes
- Les quatre Évangiles canoniques (écrits entre 60 et 100 ap. J.-C.) rapportent tous la crucifixion avec de nombreux détails concordants.
- Les lettres de Paul (notamment Galates et 1 Corinthiens), écrites dès les années 50 ap. J.-C., mentionnent déjà la crucifixion comme un fait établi.
- Sources non chrétiennes
- Tacite, historien romain (vers 116 ap. J.-C.), écrit dans ses Annales (XV, 44) : « Christus, auteur du nom [chrétien], fut exécuté sous le règne de Tibère, par le procurateur Ponce Pilate. »
- Flavius Josèphe, historien juif du Ier siècle, mentionne aussi Jésus et sa condamnation par Pilate (Antiquités juives, XVIII, 3).
- Lucien de Samosate, un satiriste grec du IIe siècle, évoque un « homme crucifié en Palestine » qui aurait été le fondateur du christianisme.
- Le Talmud babylonien (Sanhedrin 43a) fait également allusion à Jésus condamné à mort à la veille de la Pâque.
- Crucifixion : peine romaine authentifiée historiquement
- La crucifixion était une méthode courante d’exécution dans l’Empire romain, réservée aux esclaves, aux criminels et aux opposants politiques.
- Le fait que les évangélistes insistent sur cette mort honteuse (et ne cherchent pas à l’embellir) renforce la crédibilité historique du récit : on n’inventerait pas un Messie crucifié si on voulait créer un héros invincible.
- Le crucifix, devenu emblème du christianisme, serait impensable si la mort sur la croix n’avait pas réellement eu lieu.
Jésus est fils de Dieu est est donc une des trois personnes du Dieu unique
- Jésus est le Fils de Dieu,
- Il est l’une des trois personnes de la Trinité,
- Et que la doctrine trinitaire ne constitue pas un polythéisme ou de l’associationnisme, mais un monothéisme vrai et profond, tel que professé par l’Église depuis les origines.
I. Jésus, Fils de Dieu : affirmation centrale de la foi chrétienne
1. Témoignage des Évangiles
- À son baptême (Matthieu 3:17), une voix venue du ciel dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »
- Pierre proclame : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16:16), et Jésus approuve cette déclaration.
2. Jésus se présente lui-même comme le Fils
- Il appelle Dieu son Père d’une manière unique (Jean 5:18) : « Il disait que Dieu était son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu. »
- Il affirme : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:30).
3. Condamnation religieuse pour blasphème
- Les autorités juives le condamnent car il se fait Fils de Dieu, ce qui, pour eux, est un blasphème (Jean 19:7).
- Cela montre qu’à l’époque, sa prétention était comprise comme une revendication divine réelle, non symbolique.
II. Jésus, personne divine de la Trinité
1. La Trinité dans les Écritures
Bien que le mot « Trinité » ne figure pas littéralement dans la Bible, son contenu y est pleinement présent :
- Baptême de Jésus (Matthieu 3:16-17) : Jésus est baptisé, l’Esprit Saint descend, la voix du Père se fait entendre.
- Formule trinitaire du Christ (Matthieu 28:19) : « Allez, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »
Remarquez : « au nom » (singulier), pas « aux noms » — un seul Dieu, une seule essence.
2. Défini par les conciles œcuméniques
- Concile de Nicée (325) : Jésus est « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non créé, de même nature que le Père ».
- Concile de Constantinople (381) : l’Esprit Saint est aussi pleinement Dieu.
3. Théologie trinitaire classique
- Dieu est un dans l’essence (ousia) et trine dans les personnes (hypostase).
- Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont coéternels, coégaux et consubstantiels.
- Il n’y a pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes distinctes et inséparables.
III. Le christianisme est strictement monothéiste, non associationniste
1. Le monothéisme juif affirmé par Jésus lui-même
- Jésus cite le Shema Israël (Deutéronome 6:4) : « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’Unique Seigneur. » (Marc 12:29)
2. Différence avec l’associationnisme (shirk dans l’islam)
- L’associationnisme consiste à associer une créature à Dieu dans sa divinité.
- Or, dans la foi chrétienne, Jésus n’est pas une créature, mais le Verbe éternel engendré du Père (Jean 1:1-3, 14).
- L’Esprit Saint n’est pas non plus une puissance ou un ange, mais une personne divine.
3. Unité d’essence, non juxtaposition de dieux
- L’unité de Dieu est respectée par l’unité de nature : il y a un seul Être divin, possédé en plénitude par le Père, le Fils et l’Esprit.
- Cette vision est plus profonde que la simple unité quantitative : Dieu est relationnel en lui-même, ce qui explique qu’il peut aimer de toute éternité, sans créer d’abord.
- Comme le soleil, qui est un seul astre, mais avec trois manifestations : l’astre, la lumière et la chaleur — inséparables mais distinctes.
- De même, Dieu est un en substance, mais se manifeste comme Père, Fils et Esprit, sans division.
La foi chrétienne affirme que Jésus est le Fils éternel de Dieu, de même nature que le Père, et non une créature. En tant que deuxième personne de la Trinité, il est pleinement Dieu. L’Esprit Saint, lui aussi, est une personne divine.
La doctrine de la Trinité, loin de violer le monothéisme, en est le sommet révélé : elle montre que le Dieu unique est un mystère vivant de communion d’amour, non une solitude abstraite.
- Le terme « al-Masih » est la traduction arabe du mot Messie, qui signifie « l’oint » (celui qui a été choisi par Dieu) ↩︎
